Evaluation qualitative finale du projet « Renforcer la résilience des communautés frontalières face aux conflits et à la violence armée dans le Liptako Gourma »

Description de l’organisation de mise en œuvre

Le Conseil danois pour les réfugiés (ci-après : DRC, pour Danish Refugee Council) porte assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées à travers le monde à qui nous fournissons une aide d’urgence, avec qui nous combattons pour leurs droits et renforçons leurs opportunités pour un meilleur avenir. Nous travaillons dans des zones touchées par les conflits, ainsi que le long des routes de déplacements, et au sein des pays dans lesquels les réfugiés s’établissent. En coopération avec les communautés locales, nous nous efforçons d’atteindre des solutions responsables et durables. Nous travaillons pour une intégration réussie des communautés vulnérables et, lorsque cela est possible, à la réalisation de leur souhait de retour chez eux. DRC a été fondé au Danemark en 1956 et est depuis devenu une organisation humanitaire internationale avec plus de 7,000 employés et de 8,000 volontaires. Ayant son siège établi à Copenhague, et présent dans 40 pays, DRC est une organisation d’aide non gouvernementale, à but non-lucratif, politiquement neutre et indépendante et non-confessionnelle. Notre vision est une vie digne pour toutes les personnes déplacées dans le monde. Notre action repose sur les valeurs et principes suivants: l’humanité, le respect, l’indépendance, la neutralité, la participation, l’honnêteté et la transparence. DDG (un département technique de DRC) a développé et met en œuvre depuis 2014 un ambitieux programme transfrontalier de gestion et sécurité aux frontières dans la région du Liptako-Gourma où se rejoignent le Burkina Faso, le Mali et le Niger, et ce à travers une approche à la fois communautaire et transfrontalière. Il a pour objectif de renforcer la résilience des communautés frontalières face aux conflits et à la violence armée. À cet effet, il opère à travers les composantes suivantes :

•L’appui aux capacités locales de prévention et gestion pacifique des conflits,

•La facilitation de dialogue intra-et intercommunautaires et l’appui à la cohésionsociale,

•La facilitation de processus d’élaboration endogène de plans de protection communautaires, et l’appui à la mise en œuvre de ces plans,

•La mise en place de cadres de dialogues constructifs entre communautés locales et institutions étatiques (administration civile et services de défense et de sécurité).

Description du projet et contexte de sa mise en œuvre

Dans le cadre de ce programme, DRC a misen œuvre, entre décembre 2018 et juin 2021,le projet intitulé « Renforcer la résilience des communautés frontalières face aux conflits et à la violence armée dans le Liptako Gourma» financé par l’Instrument contribuant à la Stabilité et à la Paix (IcSP) de l’Union européenne. Pendant la période de mise en œuvre du projet, la zone frontalière partagée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a connu une évolution du contexte marquée par une montée de l’insécurité liée aussi bien à la faiblesse de la présence étatique qu’à la multiplication des groupes armés aux motivations et modes d’action divers : groupes d’autodéfense communautaires à base ethnique, socio-professionnelle ou religieuse, groupes armés politiques ; à une hausse de la criminalité transfrontalière ; et à une utilisation accrue d’engins explosifs improvisés (EEI). Cette dégradation progressive du contexte sécuritaire qui a gagné les régions et les zones frontalières au-delà de celles du Liptako-Gourma a pris des formes complexes et plurielles qui ont lourdement impacté les populations :

•Dégradation des mécanismes étatiques de gestion et sécurité des frontières;

•Retrait des services publiques de base des zones frontalières;

•Déplacements de populations ;

•Aggravation de la vulnérabilité des populations et hausse des incidents de protection ;

•Difficultés des populations d’accéder aux services de bases (éducation, santé…) ;

•Augmentation de la pression démographique sur les rares ressources naturelles disponibles (points d’eau, terres arables, pâturages…) ;

•Dégradation de la cohésion sociale, réactivation des anciens conflits locaux et naissance de nouveaux types de conflits locaux ;

•Prolifération accrue des armes et des munitions au sein des populations ;

•Développement de la criminalité dans les zones frontalières et les centres urbains;

•Usage croissant et non discriminatoire d’engins explosifs improvisés.

Comme dans le reste du monde, le COVID-19 n’a pas épargné le Burkina Faso, le Mali et le Niger qui doivent aussi faire face à la pandémie. Si au sein des communautés d’intervention du projet, le drame sanitaire a été évité, le COVID-19 a eu un impact sur la mise en œuvre des activités. En effet, par mesure de prévention nos équipes terrains ont suivis les mesures barrières de l’OMS liées au COVID-19 et ont respecté les mesures mises en place par les gouvernements, notamment en réduisant le nombre de participants aux différentes activités. Cependant, les restrictions de mouvements liées à l’insécurité et au COVID-19, notamment la fermeture des frontières terrestres depuis mars 2020, ont rendu impossible la continuation de certaines activités de nature transfrontalière, comme par exemple, les forums de dialogue transfrontaliers.

Objectifs du projet

L’objectif général du projet est «Le renforcement de la sécurité communautaire aux frontières contribue, de concert avecles autres interventions du secteur, à améliorer la situation sécuritaire dans le Liptako Gourma».Cet objectif général se décline en trois objectifs spécifiques :1)Contribuer au renforcement des capacités locales de prévention, gestion pacifique et médiation des conflits, afin de limiter le recours à la violence armée dans le cadre des conflits locaux et communautaires.2)Contribuer au renforcement des liens de confiance entre les communautés et les services de sécurité, y compris la ForceConjointe du G5 Sahel, notamment à travers la facilitation de dialogue.3)Soutenir l’identification et la mise en œuvre de solutions locales, notamment à travers l’élaboration de plans de protection communautaires dont les communautés frontalières sont les premiers acteurs, afin de renforcer leur résilience face aux conflits et à la violence armée.

Justification et Objectifs de l’évaluation

En accord avec la politique d’évaluation de DRC, l’évaluation indépendante vise globalement à informer sur les résultats atteints par le projet et à documenter l’expérience et les leçons apprises afin d’améliorer la conception de futures interventions de réduction de la violence armée de DRC-DDG dans la région du Liptako Gourma en vue d’une contribution positive à la cohésion sociale et de la prévention de conflit violent dans la région. L’évaluation finale a pour objectifs spécifiques:

1) Dresser un bilan critique des objectifs du projet à travers des critères de pertinence, de cohérence, d’efficacité, de sensibilité aux conflits, de durabilité, d’efficience, et de valeur ajoutée par rapport aux actions d’autres partenaires et intervenants: analyse des résultats, d’effets et d’impacts à court et à moyen termes auprès des communautés ciblées afin de connaître et documenter les changements qui ont eu lieu au cours de l’intervention;

2) Procéder à un examen des points clés des modalités de mise en œuvre, des défis et des réussites qui ont induit à des succès ou des échecs afin de permettre l’identification des leçons à retenir et de permettre une capitalisation des acquis;

3) Promouvoir la redevabilité, y compris la communication d’informations au bailleur, aux bénéficiaires et au grand public.

L’évaluation sera menée de manière indépendante par un(e)à maximum trois consultant(e)s externes(le «prestataire»), dont au moins une personne assurera la responsabilité des livrables attenduset au moins une devra être en mesure de se rendre sur le terrain.

Les résultats de l’évaluation s ’adresseront prioritairement à DRC-DDG et à l’Union européenneen tant que partenaires techniques et financiers du projet, mais vont servir également aux communautés impliquées dans le projet, les parties prenantes et enfin toute institution concernée et lecteurs intéressés.